jeudi 29 novembre 2012

Le processus d'écriture

Source : Pinterest!
Adolescente, j'étais le portrait même de l'écrivain torturé qui attend la divine inspiration. Peut-être parce que je voulais ressembler à ces auteurs angoissés qu'on décrit dans les livres, qu'on voit dans les films. Peut-être parce que je n'avais pas trouvé ma technique. Je me souviens que l'inspiration venait comme une nausée. Elle me prenait au ventre, et je devais trouver de quoi écrire, un bout de liste d'épicerie, un crayon mal aiguisé, n'importe quoi, pour coucher sur papier la divine inspiration. Et ça fonctionnait, j'écrivais bien, je pense, parce que j'ai quand même publié des nouvelles dans des concours pour jeunes auteurs. La première de ces nouvelles, je l'ai d'ailleurs commencée sur un sac brun du IGA. J'étais au chalet, fallait que je me débrouille avec ce que j'avais. Et puis mon roman, sa première phrase, je l'ai crachée sur une serviette de papier, en Outaouais. J'attendais ma mère — pour aller magasiner, surement — et puis soudainement, la divine inspiration est arrivée, il ne fallait surtout pas que je la perde. 

À l'époque, je me trouvais très romantique, à me jeter sur le papier de cette manière-là. Quand la divine inspiration arrivait, j'arrêtais de manger, de boire, de faire pipi. Je pouvais écrire pendant 3 ou 4 heures sans m'arrêter, c'était tout ce qui comptait.

Les fois où j'essayais de créer sans la divine inspiration, ça donnait un résultat pitoyable.

J'ai écrit les 60 premières pages de mon roman en Angleterre. Avant de partir, j'avais transcrit dans mon ordi ce que j'avais écrit sur cette fameuse serviette d'un café gatinois, et puis j'ai décidé de repartir de là. J'ai fait ça avec calme. Je me souviens, j'étais assise sur mon lit, j'ai relu la page que j'avais écrite quelques mois auparavant, et puis j'ai continué, tout bonnement. Je n'étais plus soumise à la divine inspiration, j'avais juste décidé d'écrire. Mais je restais très peu disciplinée. Il fallait que j'aie envie d'écrire pour que ça marche. Je pouvais passer deux ou trois semaines sans toucher au document, puis y revenir, écrire quelques pages, l'abandonner de nouveau. C'est comme ça qu'il est resté intouché pendant trois ans.

Depuis un mois et demi, je me rends compte que mon processus de création s'est complètement transformé. Je travaille très peu, j'ai donc décidé de réserver toutes mes matinées à l'écriture. Vers 8 h 30, je m'assois devant l'ordi avec mon café, je lis les nouvelles, je regarde Facebook et mes courriels. Puis, Monsieur part pour le travail, et j'ouvre mon document. Et j'écris.

Cependant, l'acte d'écrire est devenu plus mécanique, parce que l'histoire, je la construis en marchant au parc, avant de me coucher, sur la table d'acuponcture, au gym. Quand vient le moment d'écrire, pour vrai, je ne fais que taper ce qui s'est écrit dans ma tête pendant le reste de la journée.
Oh, il arrive qu'encore qu'en marchant, par exemple, je trouve la phrase parfaite. Alors je rentre, je me précipite sur mon ordi, et j'écris. Mais c'est rare. Normalement, ça peut attendre au lendemain, mes idées ne s'envoleront pas.

Est-ce que c'est parce que j'ai un objectif concret, soit de finir mon roman avant la fin de l'année, que je fais preuve de ce genre de rigueur? Ou bien parce que, travailleuse autonome depuis maintenant trois ans, j'ai acquis beaucoup de discipline? Je ne sais pas. Mais chose certaine, je préfère ce processus de création à celui de l'attente de la divine inspiration.

Et vous, lecteurs-auteurs, comment ça se passe, la recherche de l'inspiration? Y êtes-vous soumis, ou écrivez-vous de manière régulière, comme moi? Je suis curieuse!

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